Bruylant – 2021 – 337 p.
Par Sylvie Schmitt
La crise financière de 2008 a déstabilisé l’économie italienne et creusé le déficit public. Sous la pression de l’Union européenne et de l’urgence économique, l’Italie a été contrainte d’augmenter la pression fiscale. L’insertion du principe d’équilibre budgétaire dans la Constitution, en 2012, a contribué à légitimer la nouvelle orientation de la politique fiscale.
Le système fiscal italien est ainsi confronté à des réformes qui, sans être fondamentalement importantes, s’inscrivent dans le cadre d’un droit d’exception. Le droit fiscal de crise est en effet exceptionnel tant par son contenu (lorsque le législateur aménage des régimes spéciaux) que par sa forme (lorsque les normes adoptées sont l’œuvre du législateur délégué). Or, le système fiscal fonctionne comme un organisme vivant, à la fois résistant aux changements et évolutif. Cet équilibre entre les contraires, essentiel à sa survie, est maintenu par la Cour constitutionnelle, qui tente de préserver la cohérence du système fiscal sans sacrifier l’intérêt financier de l’État.
L’ouvrage propose une double analyse des conséquences de la crise sur le système fiscal. Il s’agit en premier lieu de l’analyse interne d’un système vivant, fonctionnant selon les modèles tirés de lé théorie générale des systèmes. Il ressort de cet examen que l’évolution du droit ne dépend pas exclusivement de la volonté du législateur mais aussi de la capacité d’une nouvelle norme à s’insérer dans un système unifié et cohérent. En second lieu, l’analyse porte sur la jurisprudence de la Cour constitutionnelle. Impuissante à arrêter l’évolution inéluctable du système fiscal, la Cour veille néanmoins à lui garder son identité et, au-delà, à garder l’identité de l’État social italien.